L’UNF-NB fait une présentation au Comité spécial sur les changements climatiques

L’UNF-NB fait une présentation au Comité spécial sur les changements climatiques

Jeudi, le 1er septembre, 2016, Ted Wiggans, président de l’UNF-NB et Amanda Wildeman, directrice générale de l’UNF-NB ont fait une présentation au Comité spécial sur les changements climatiques.

Ce comité, composé de huit personnes des trois partis politiques elus entend des présentations des ministères gouvernementales, des organizations non-gouvernementales et des individus à travers la province.

Ci-bas vous trouverez le text de notre soumission. Cliquez ici pour télécharger la version PDF.  Nous continous à offrir des recommandations à ce comité, donc si vous avez d’autres solutions à proposer, SVP contactez-nous et on les soumettra.

 

 

Contexte

À propos de l’Union nationale des fermiers au Nouveau-Brunswick

L’Union nationale des fermiers au Nouveau-Brunswick (UNF-NB) est l’une des deux organisations agricoles générales agréées de la province. Nos membres sont les propriétaires exploitants de fermes de différentes dimensions et types de production à travers la province. L’UNF demande des politiques alimentaires et agricoles qui font la promotion d’un revenu stable et équitable pour les fermiers et fermières, les travailleurs et travailleuses agricoles, ainsi que pour les gens qui travaillent dans le système de transformation des aliments. Il nous faut des politiques agricoles qui permettent aux fermiers de rester sur leurs terres et qui leur permettent d’utiliser des pratiques agronomiques qui appuient à long terme la santé du sol, la qualité de l’eau et la réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que la production de denrées alimentaires nutritives et saines, tout en supportant des normes élevées sur le bienêtre des animaux. Il faut s’assurer que l’agriculture soit une vocation attrayante pour les jeunes gens et que les fermiers plus âgés puissent prendre leur retraite dans la dignité. Nos politiques agricoles doivent appuyer une diversité de types et de dimensions de production agricole, de sorte que notre système alimentaire ait la résilience nécessaire pour survivre dans un climat de plus en plus imprévisible. Une telle politique prospective (avant-gardiste) en matière d’alimentation et de climat va également assurer que nos communautés rurales demeurent des endroits viables et attrayants où les Canadiennes et les Canadiens puissent élever leurs familles et vivre des vies satisfaisantes et productives. Afin d’atteindre ces objectifs, il faut placer nos aliments et nos fermiers au premier plan, tout en défendant le droit des autres pays de s’occuper de leurs propres peuples de la même manière.

L’UNF et les changements climatiques

Les fermiers sont en première ligne des changements climatiques puisqu’ils sont parmi ceux qui dépendent le plus du climat et des conditions météorologiques favorables pour gagner leur vie. Il nous faut un climat stable pour produire nos récoltes, élever nos animaux et maintenir la santé de notre système agricole, pour ainsi fournir aux Canadiens la nourriture qu’ils consomment. Nous sommes également dans une position pour avoir un impact important sur l’empreinte carbone du Canada en changeant nos pratiques agricoles. L’adaptation et l’atténuation sont toutes deux nécessaires pour que l’agriculture puisse faire sa part pour la prévention de changements climatiques catastrophiques et pour que la production alimentaire et la subsistance des fermiers soient maintenues dans un avenir au climat de moins en moins certain.

L’UNF-NB est heureuse que le gouvernement du Nouveau-Brunswick ait créé le Comité spécial sur les changements climatiques comme mécanisme pour élaborer et mettre en œuvre le rôle actif du Nouveau-Brunswick dans le cadre de l’engagement du Canada envers l’Accord de Paris. Nous saluons le fait que le Comité est dirigé par un producteur de sirop d’érable et qu’il comprend des membres de tous les partis politiques. Le guide de discussion : Renforcer la lutte du Nouveau-Brunswick contre les changements climatiques fut un document utile qui contenait plusieurs exemples et pensées de la direction déjà empruntées par le Comité spécial.

L’Accord de Paris donne une orientation sur comment les pays devraient mettre en œuvre leurs engagements de réduction des GES et d’adaptation climatique. Voici les aspects les plus pertinents à l’agriculture :

  • Mettre en œuvre l’adaptation et l’atténuation sans entraver la production alimentaire ;
  • Établir des cibles d’émissions globales ;
  • Convenir de l’importance d’approches non marchandes intégrées, globales et équilibrées visant l’atténuation et l’adaptation ;
  • Reconnaitre que plus on atténue, moins on a besoin d’adapter ;
  • Intégrer aux mesures d’adaptation les connaissances traditionnelles et celles des peuples autochtones autant que les sciences occidentales ;
  • Accroitre la résistance des systèmes socioéconomiques et écologiques ;
  • Minimiser les pertes et les dommages dus aux effets aigus et chroniques des changements climatiques ;
  • Tenir compte de ce que les pays qui mènent la mise en œuvre de stratégies d’intervention face aux changements climatiques doivent y engager des fonds publics substantiels.

Atténuation des changements climatiques

Réduction des émissions de gaz à effet de serre

On trouve dans le Rapport d’inventaire national d’Environnement Canada : Émissions et absorptions des gaz à effet de serre au Canada 1990-2014 que dans la province, en 2013 les activités agricoles et forestières réunies n’étaient responsables que de moins de 4 % des 15 millions de tonnes  de gaz à effet de serre émises en 2014. On en conclue que l’agriculture émet peu de GES comparativement à d’autres secteurs.   À première vue, cela peut sembler une bonne nouvelle pour l’agriculture au N.-B. mais il faut tenir compte d’autres facteurs en évaluant la contribution de l’agriculture en GES.

1.       Leur calcul ne comprend que le méthane produit par les animaux et la gestion du fumier ainsi que les émissions d’oxyde d’azote provenant des sols agricoles.

2.       L’agriculture est également source d’émissions de GES entrant dans la catégorie Transports et exploitation industrielle.

3.       Puisque le N.-B. importe la majeure partie de ses aliments, l’empreinte carbone globale de son système alimentaire dépasse vraisemblablement de beaucoup les 4 % ; l’empreinte carbone des aliments importés devrait s’ajouter à celle du comté ou de la région d’origine et sous la rubrique des émissions des véhicules de transport.

4.       L’agriculture n’utilise actuellement que 5 % des terres de la province et pourrait accroitre de beaucoup sa production alimentaire.  Ainsi s’agit-il d’établir des mécanismes qui réduiront au minimum les effets sur le climat que causent les changements d’affectation des terres et de ne convertir des terres humides et des forêts à l’agriculture qu’en l’absence d’autres options ; et qu’on le fasse selon le principe : aucune perte nette car nous savons que les forêts et les zones humides stockent plus de carbone que les terres agricoles vouées aux cultures annuelles.

Nous pouvons et devons être très spécifiques et précis lorsque nous traitons d’atténuation des GES par stockage du carbone dans les terres agricoles et de l’étude plus approfondie du potentiel des sols, forêts et terres humides en tant que puits de carbone. Si nous suivons cette voie, il faudra des recherches approfondies et des systèmes de contrôle indépendants et transparents afin de garantir que le carbone stocké soit mesuré avec précision et qu’il reste stocké. Les généralités sur la capacité de tel ou tel type de sol ou de culture de stocker le carbone constituent une piètre base de référence ; de telles approximations entraineraient des mesures peu efficaces qui ne tiendraient pas compte des résultats de ceux qui pratiquent déjà une forme d’agriculture de conservation et ne sauraient encourager de meilleures pratiques chez ceux qui ne la pratiquent pas encore.

Nous recommandons également d’établir des politiques pour soutenir l’amélioration des rotations culturales et accroitre les cultures-abris de sorte à réduire les apports en intrants dérivés de combustibles fossiles (engrais, herbicides, etc.) ainsi que la plantation de brise-vents qui freineront l’érosion du sol tout en séquestrant le carbone atmosphérique. Les programmes qui aident les agriculteurs à diversifier leurs cultures les aideront aussi à surmonter les risques financiers qui accompagnent des conditions météorologiques imprévisibles en raison des changements climatiques.  Bien que ces efforts d’atténuation puissent jouer un rôle important en aidant au Nouveau-Brunswick à respecter les engagements de Paris, nous devons néanmoins tenir compte de l’impact global de notre système alimentaire actuel orienté vers l’exportation, des points de vue autant de l’atténuation que de l’adaptation.

Tarification du carbone

On parle abondamment de la tarification du carbone à tous les niveaux politiques en tant que partie intégrante de la réduction mondiale des émissions. On tente toujours de trouver la meilleure option de tarification du carbone.  Dans le Guide de discussion, le Comité restreint propose soit une taxe sur les émissions carboniques, soit un dispositif de quotas d’émission cessibles (aussi appelé : plafonnement et échange) comme modes de tarification ; les recettes seraient affectées soit à un fonds écologique ou aux recettes générales.  Voyons maintenant comment cette taxe sur les émissions carboniques et ce dispositif de quotas d’émission cessibles  pourraient affecter les agriculteurs.

Les fermes canadiennes forment le maillon intermédiaire d’une chaine de production alimentaire avec de puissants fournisseurs d’intrants d’un côté et de puissants manufacturiers et détaillants de l’autre. Dès l’introduction d’une taxe sur les émissions carboniques, il est probable qu’avec leur puissance commerciale, les corporations en amont des agriculteurs transfèreront cette taxe sur les émissions carboniques aux fermes en augmentant le cout des intrants et que les entreprises en aval, elles, transfèreront cette taxe aux exploitations familiales en leur offrant moins pour leurs fruits, légumes, céréales et bétail. On obligerait ainsi les agriculteurs à payer la taxe sur les émissions carboniques de chacun des maillons de la chaine, resserrant ainsi l’étau cout-prix qui oblige déjà les fermiers canadiens à obtenir près de 80 % de leur revenu d’emplois non agricoles.

Les dispositifs de quotas d’émission cessibles (systèmes de quotas et d’échange de droits d’émission de GES) posent tout particulièrement problème aux agriculteurs.  Le Guide de discussion donne l’exemple du plafonnement des émissions d’une ou plusieurs installations industrielles ou types d’industries. Celles-ci devraient alors se conformer soit en réduisant leurs émissions, soit en achetant des permis d’émission excédentaire (appelés aussi quotas ou crédits d’émission) de ceux dont les émissions sont inférieures à leur plafond. Selon ce modèle, les réductions d’émissions sont connues alors que le prix du carbone est incertain et soumis aux fluctuations du marché. Certains ont suggéré qu’un tel système de quotas d’émission fonctionnerait mieux en y intégrant l’ensemble du Canada atlantique et peut-être même la Nouvelle-Angleterre.

Plusieurs modèles de quotas cessibles d’émission de carbone nous préoccupent parce qu’ils présupposent que le marché achèterait des agriculteurs la capacité de séquestration du carbone de leur sol. Le carbone n’est toutefois stocké que temporairement dans les sols agricoles, qui peuvent facilement le relâcher dans l’atmosphère ; de plus, ces sols finissent par atteindre leur limite en tant que puits de carbone. Le retour du carbone à l’atmosphère pourrait engendrer un endettement : on exigerait peut-être que les agriculteurs remboursent des crédits et/ou compensent pour leur incapacité à atteindre un équilibre entre émissions et puits de carbone. La légitimité d’un tel marché dépendrait de la présence de tiers indépendants qui mesureraient avec précision les ajouts et les pertes de carbone dans le sol et en rendraient compte en toute transparence ; ce processus difficile et couteux détournerait des ressources nécessaires pour financer une action efficace. Mentionnons enfin qu’un système de quotas d’émission cessibles avantagerait principalement le secteur des finances en créant un nouveau type d’instrument dérivé à transiger. On ferait meilleur usage de ressources limitées en les affectant à des mesures efficaces d’atténuation et d’adaptation agricoles qui stockeraient davantage de carbone dans le sol et réduiraient les émissions de GES (aussi bien le méthane et l’oxyde d’azote que le CO2).

Face aux quotas d’émission cessibles, les grands émetteurs devraient réfléchir sérieusement à l’atténuation en exerçant leur droit d’acheter des crédits carbone ou compensatoires. Il s’agit majoritairement de sociétés privées qui ne sont pas tenues de rendre des comptes publiquement et dont l’objectif est de maximiser les bénéfices de leurs propriétaires. Les intérêts privés pourraient diverger des intérêts publics. Par contre, toute décision quant à la distribution des recettes de la taxe sur les émissions carboniques relèverait du gouvernement qui, lui, est comptable devant ses citoyens.

C’est dans cette optique que l’UNF-NB recommande comme option la plus efficace et équitable l’instauration d’un dispositif de tarification des émissions carboniques dont les recettes seraient versées dans un Fonds écologique pour être affectées à l’accroissement des mesures d’atténuation et d’adaptation dans les exploitations agricoles.

Réduire les émissions des véhicules de transport des aliments

Ces puissants acteurs, capables de transférer aux agriculteurs la taxe sur les émissions carboniques, ont également échafaudé la structure énergivore de l’agriculture au Canada. Les agriculteurs ont protesté lorsque les sociétés céréalières et les chemins de fer ont démantelé les silos de collecte et les rails des embranchements, ne laissant ainsi aux agriculteurs comme seul recours que le transport  routier —plus énergivore— de leur grain sur de longues distances. Les détaillants et les fabricants alimentaires ont entravé la production locale de fruits et légumes en centralisant toujours plus la transformation et la distribution des aliments au Canada ou en les délocalisant vers des pays où les couts sont moins élevés et la règlementation plus laxiste. Ce ne sont là que quelques exemples de changements à grande échelle auxquels ont résisté les agriculteurs et qui ont amplifié l’intensité énergétique du système alimentaire.

À court terme, les agriculteurs ne pourront modifier substantiellement la consommation énergétique de leurs exploitations ni celle du système alimentaire pour s’ajuster à la taxe sur les émissions carboniques.  Par contre, à moyen et à long terme, les agriculteurs désirent collaborer avec le gouvernement et avec les citoyens pour effectuer une restructuration radicale du système alimentaire afin d’y réduire les émissions et d’élaborer un système alimentaire local et plus durable.

Si l’agriculture n’émet que 4 % des GES dans la province, il est intéressant de noter que ce chiffre ne reflète pas pleinement le cout des émissions de GES liés à l’approvisionnement alimentaire du N.-B.  Certains estiment que nous importons 95 % des denrées consommées au N.-B. En 2013, seul 7 % des légumes consommés au N.-B. y avaient été cultivés. Les GES[CH3]  liés à la production d’aliments pour le N.-B. sont comptabilisés dans d’autres régions ou pays puis transportés et vendus au N.-B. On trouve régulièrement dans nos épiceries de l’agneau en provenance de la Nouvelle-Zélande, des pommes du Chili et de petits pois surgelés du Guatemala.  On peut facilement cultiver ces types d’aliments au N.-B. et les GES émis en les transportant jusqu’ici dépassent de loin les émissions produites en transportant les produits d’une ferme du N.-B. jusqu’aux consommateurs de la province. C’est que notre système de distribution et de stockage actuel manque de cohérence, ce qui entrave sa bonne marche.

Les mesures d’atténuation climatique pour les fermes du N.-B. doivent inclure l’étude approfondie de l’ensemble des impacts d’une économie de l’alimentation axée sur les exportations ainsi que de la substitution des marchandises d’origine néo-brunswickoise aux marchandises importées. Sinon, on risque de passer outre à d’importantes possibilités. On discutera plus loin des effets d’un système alimentaire local sur l’adaptation au changement climatique.

Préserver les terres agricoles actuelles au lieu de défricher de nouvelles terres

Le ministère de l’Agriculture, de l’Aquaculture et des Pêches mène présentement des consultations sur la politique sur l’utilisation des terres agricoles, desquelles découleront des mécanismes exécutoires visant à encourager la production continue sur les terres agricoles du N.-B.  L’agriculture n’occupe actuellement que 5 % des terres de la province.  On discute beaucoup de la meilleure façon d’accroitre la production car la province a en abondance de cette ressource naturelle que sont les terres agricoles. Des terres agricoles abandonnées ou inutilisées pourraient facilement être remises en production. Certains agriculteurs possèdent des terres et des boisés et font face au défi logistique considérable de continuer à défricher leurs propres terres pour les cultiver. Les fonds affectés à l’aide au défrichage sont très recherchés et s’épuisent rapidement chaque année. De plus, nous savons que les forêts stockent davantage de carbone que les terres agricoles, surtout celles vouées aux cultures annuelles.

On devra compiler dans une même banque de données toutes les terres agricoles incultes ou inutilisées et la mettre à la disposition d’agriculteurs à la recherche de terres agricoles défrichées [CH4]  dans leur région qu’ils pourraient louer ou acheter. Pour en assurer l’efficacité, l’inventaire devrait être exhaustif et inclure notamment les terres inscrites au PITA et éligibles au report d’impôt mais qui ne sont ni sous culture ni disponibles à la location.

Le N.-B. a le potentiel d’accroitre les activités agricoles qui mettent l’accent sur les systèmes de production de pérennes, y compris les arbres et arbustes fruitiers et la production acéricole. Les systèmes de pérennes comme les forêts stockent davantage de carbone que les systèmes de production de cultures annuelles. Les agriculteurs devraient disposer d’une aide financière pour donner plus d’espace dans leurs pratiques actuelles aux systèmes de cultures alimentaires mixtes pérennes.

Adaptation aux changements climatiques

Bâtir un système alimentaire local

Tel que nous l’avons mentionné, la comptabilisation des émissions de GES provenant de l’agriculture ne comprend qu’une partie des émissions agricoles directes et ne reflète pas les émissions globales d’un système alimentaire axé sur l’importation et l’exportation. Nous avons aussi proposé certaines mesures d’atténuation et certaines pistes de recherche. En termes d’adaptation, il est essentiel de disposer d’un système local d’approvisionnement et d’entreposage de denrées alimentaires pour assurer que les denrées du N.-B. soient disponibles pour autant de mois de l’année que possible. Des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents pourraient causer des interruptions prolongées des services de transport et d’électricité et entrainer une pénurie alimentaire globale au N.-B. Lorsque l’ouragan Arthur a privé d’électricité les épiceries, elles ont dû jeter d’importantes quantités de nourriture, entrainant quelques jours de vache maigre en attendant que des camions apportent des denrées de l’extérieur de la province.

La section qui suit propose d’adopter certaines mesures pouvant mitiger les pertes de denrées stockées dans des entrepôts ou autres installations occasionnées par les pannes de courant dans la province.

Production d’électricité à la ferme

Au passage de l’ouragan Arthur, bien des fermiers ont subi des pannes  de courant qui ont duré jusqu’à deux semaines. Par prévention, la plupart des exploitations possèdent déjà  une génératrice ou autre système de secours.  Si les génératrices comptent parmi les dispositifs de secours les plus abordables, leur rendement énergétique et leur consommation en carburant laissent à désirer. Jusqu’à récemment, Énergie NB a maintenu des politiques très strictes concernant les individus qui désiraient produire leur propre électricité et vendre leurs surplus éventuels  au réseau de distribution, ce qui a fait des panneaux solaires une solution de secours très couteuse à installer et à entretenir. Bien des agriculteurs ont des granges aux toits spacieux où ils pourraient monter des panneaux solaires —s’ils pouvaient en vendre l’électricité au réseau électrique dans des circonstances normales et s’en servir eux-mêmes lors de pannes de courant prolongées. Bien que les panneaux solaires soient de plus en plus abordables, ils représentent toujours un investissement considérable. Nous recommandons qu’à l’instar d’autres provinces, le N.-B. offre des programmes incitatifs allégeant les couts initiaux.

L’UNF-NB recommande de travailler avec Énergie NB afin de permettre et d’encourager les agriculteurs à produire de l’électricité et à la vendre au réseau, facilitant ainsi l’abandon graduel de l’électricité produite par les centrales au charbon, en plus d’accroitre la résistance des exploitations agricoles dans leur adaptation aux changements climatiques. De plus, puisque les fermes laitières se servent de grandes quantités d’eau chaude, on devrait offrir à toutes ces fermes néobrunswickoises des programmes les encourageant à se servir de chauffe-eau solaires.

La production et le captage du méthane permettent aussi de produire de l’électricité à la ferme. LaForge Bioenvironmental offre l’un des meilleurs exemples de la production au N.-B. de biocarburants à partir de déchets alimentaires et de fumier.  Les fermes qui n’ont pas aussi facilement accès à des tonnes de déchets alimentaires par jour  peuvent néanmoins s’installer de plus petits biodigesteurs pour transformer leurs déchets en électricité ou en combustible pour  chauffer la ferme ou la maison ou pour cuisiner.

Renouvèlement des stations de recherches publiques et des essais locaux sur la ferme

Au cours des dernières décennies, les fonds de recherche à des fins publiques ont été coupés en faveur d’octrois aux entreprises privées pour qu’elles puissent tester et vendre leurs produits.  Le N.-B. peut jouer un rôle de leadeurship en matière de changements climatiques en se montrant proactif et en aidant dès maintenant les agriculteurs à s’adapter à l’aide de nouvelles cultures acclimatées aux nouvelles températures et au changement des régimes climatiques. Le gouvernement doit renouveler —et considérablement— le financement de stations de recherches publiques et d’essais locaux sur la ferme.

Les semences adaptées aux conditions locales ont joué un rôle essentiel ailleurs dans le monde en matière d’adaptation aux changements climatiques. À mesure que le climat change au N.-B., nous verrons si nos variétés locales prédominent ou si nous devons cultiver de nouvelles variétés originaires de contrées et de climats plus chauds et aux régimes climatiques différents.  Les agriculteurs prendraient d’énormes risques financiers  à tenter leurs propres essais de recherche sur les variétés ou les cultures dans leurs exploitations sans connaitre leur chance de réussite.

L’expérimentation à la ferme peut réussir avec un engagement renouvelé de fournir des vulgarisateurs (conseillers) agricoles régionaux de sorte que le gouvernement soit beaucoup plus conscient des défis et besoins émergents auxquels sont confrontés les agriculteurs.  Les services de vulgarisation assureraient aux agriculteurs un lien plus direct avec le ministère de l’Agriculture et les aiderait à recréer une relation de confiance en sachant que leurs besoins, leurs moyens de subsistance et leurs meilleurs intérêts importent au gouvernement.

Résumé des recommandations

Le Document de discussion traite séparément d’atténuation et d’adaptation mais il semble difficile de travailler sur l’un sans l’autre. En gros, les mesures d’adaptation contribueront à l’atténuation en réduisant les émissions globales de gaz à effet de serre et en améliorant la séquestration du carbone.

Les moyens de subsistance des agriculteurs et la production alimentaire figurent au premier plan des changements climatiques.  Il faut déjà adapter les pratiques agricoles de sorte à fournir à tous les agriculteurs les connaissances et la possibilité d’exploiter leurs fermes de la manière la plus respectueuse du climat et ce, alors que le climat change déjà et continuera de changer dans les années à venir.

On doit rapidement mettre en œuvre des mesures d’adaptation et de soutien pour fournir aux agriculteurs les outils et les connaissances dont ils ont besoin pour continuer à produire des aliments sains, préserver des écosystèmes en bon état de fonctionnement et vivre de leur travail. L’adaptation a  déjà fait l’objet de recherches exhaustives dans d’autres provinces ; il s’agit maintenant d’analyser le tout, de procéder à des essais et d’en faire l’application au N.-B.

Les ministères doivent tous aligner leurs politiques et concentrer leurs efforts à construire un meilleur système alimentaire au Nouveau-Brunswick qui incarne les principes de la souveraineté alimentaire ; il faut également des mesures de soutien pour aider les agriculteurs et les consommateurs à migrer vers un modèle de production alimentaire à faible intensité d’émissions de carbone.

Conclusion

L’Union nationale des fermiers revendique depuis plusieurs années des changements de politiques et de l’assistance pour les agriculteurs face aux changements climatiques. L’UNF est vivement intéressée à devenir l’un des chef de file de la transition vers une économie carboneutre. Partout au Canada, nous sommes à élaborer un plan détaillé de projet de recherche et de politiques de sorte à trouver des moyens de réduire les émissions de GES des fermes et du système alimentaire. Nous publierons nos résultats et recommandations au début de 2017. Plusieurs de nos membres mettent déjà en pratique la production à faible émission de carbone dans leurs exploitations. À l’aube de ce nouveau  chapitre de notre histoire, nous cherchons à partager nos connaissances et notre expérience en tant que ressource pour les décideurs politiques.

 

Le tout respectueusement soumis,

 

L’Union nationale des fermiers au Nouveau-Brunswick

Région 1, District 2

 

Ressources :

NFU Submission to Federal Pre-Budget Consultation, February 2016. www.nfu.ca

Letter to PM about meeting Paris Agreement commitments, March 2016. www.nfu.ca

Climate Action Plan for New Brunswick, June 2016. Conservation Council of New Brunswick.

National Inventory Report 1990 – 2013, Greenhouse Gas Sources and Sinks in Canada, 2015.  Minister of the Environment

Building a Stronger New Brunswick Response to Climate Change, May 2016. Province of New Brunswick.

Presentation by the Department of Agriculture, Aquaculture and Fisheries to the Select Committee on Climate Change, Aug 17, 2016.

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