Opinion : L’alimentation locale, plus qu’un logo pour un t-shirt

Opinion : L’alimentation locale, plus qu’un logo pour un t-shirt

Le 19 octobre dernier, j’ai réorganisé ma journée de livraison de paniers bios afin de pouvoir me rendre à Bouctouche pour l’annonce du gouvernement Libéral sur les produits locaux. Le tout n’a duré qu’une quinzaine de minutes et à la fin, je me suis demandé si les deux ou trois premières minutes que j’ai manquées avait été révélatrices puisque rien n’a été dévoilé de ce que j’ai pu observer. Après avoir questionné d’autres présents, j’ai réalisé que non, effectivement, l’annonce ne nous a pas du tout éclairci sur le contenu de la stratégie, ses objectifs, l’horaire ou quoi que ce soit à part le fait que, selon le Ministre Doucet, l’achat local est « mouvement cool ».

Il y a un peu moins de deux ans, l’Union Nationale des Fermiers se ralliait derrière un projet de loi du Parti Vert qui proposait une formule qui verrait augmenter le pourcentage de produits locaux dans les institutions gouvernementales qu’elles soient les écoles, les hôpitaux, les foyers de soins ou autres. Le projet proposait surtout des échéances très précises quant à l’implémentation des différents objectifs ainsi que l’évaluation de la consommation des produits locaux au N.-B. Quand le projet de loi a été défait par les Libéraux c’est parce qu’ils suggéraient qu’il pouvait faire mieux. Alors nous voici un an et demi plus tard, après plusieurs consultations, avec une stratégie qui n’inclut que quelques échéances et très peu de nouveaux objectifs concrets.

Ce n’est pas encore une opportunité manquée, mais sans plus d’argent, d’énergie et d’intérêt de la part du gouvernement Gallant, le logo présenté par le Ministre Doucet ne sera que sur quelques t-shirts qui se retrouveront rapidement à l’Armée du Salut. Ceci étant dit, on peut aussi facilement imaginer le contraire – avec une campagne publicitaire qui fait le tour de la province dans le style de la campagne du Mieux-Être, le logo pourrait avoir une belle visibilité qui le rendrait attrayant pour les fermes du N.-B. Il doit aussi y avoir évidemment des limites à son utilisation – on ne peut pas le tirer tout partout au nom d’une reconnaissance du logo et le retrouver par la suite sur des produits d’ailleurs vendus au marché des fermiers.

Le seul objectif de la stratégie qui se retrouvait aussi dans le projet de loi présenté en 2015 est celui d’augmenter le pourcentage de produits locaux consommés dans les cafétérias des écoles du N.-B. C’est le point le plus important, mais le moins détaillé. On ne retrouve pas d’informations sur le quand ou le comment – pertinent surtout parce que le District Scolaire Francophone Sud vient de perdre un partenariat avec les producteurs du sud-est via l’organisme Terroir Food Agroalimentaire. Si on doit commencer quelque part ça devrait bien être avec une revaccination et un renouvellement de cette entente puisque le District, par l’entremise du Réseau des Cafétérias Communautaires, a été reconnu à travers le pays pour ce projet. Pourtant, au niveau du gouvernement, on semble le laisser couler sous nos yeux.

Tout n’est pas perdu. L’Union Nationale des Fermiers au N.-B. veut tout de même reconnaître le potentiel qu’existe maintenant qu’un logo unifié est entre les mains des néo-brunswickois. Si on l’utilise avec fierté et qu’il soit reconnu pour les standards rigoureux qui l’accompagnent, on peut faire bien du chemin dans l’avancement de notre souveraineté alimentaire. Bien sûr, un logo seul ou quelques points d’une stratégie n’auront pas grand impact, mais en tant qu’outils d’une plus large vision pour un renouveau agricole et agro-alimentaire, je suis confiante que l’impact pourrait même aller nous chercher les accolades comme celles qu’ont connues le projet des cafétérias du District Scolaire Francophone Sud.

Rébeka Frazer-Chiasson

Co-propriétaire, La Ferme Terre Partagée

Membre du Conseil d’administration de l’Union nationale des fermiers au N.-B.

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